Respiration
Projection vidéo, muet, boucle de 2min,
HD 1080p, format 16:9, 2019
Le plan panoramique de bordure de rivière nous fait croire en une photographie paysagère et c’est dans sa contemplation que nous nous désynchronisons de notre propre temps d’action. Nous passons d’une image photographique à une image fux, d’un temps réceptif à un temps poïétique.
Le mouvement ondulatoire de l’eau est répété sur le tronc des arbres qui jouxtent sa surface. Ainsi, cette réplique d’effets, cette repique d’effectivité, déplace l’action en dehors de son champ ordinaire d’apparition. L’image nous dévoile sa facture et par cela-même, la fracture des réels.
De ce fait, l’imago, comme « survivance imaginaire » affrme la rupture entre les images photographiques, l’eau arrêtée, et les images cinégraphiques, la rive reconstruite selon les modalités de transformation de l’eau. L’écriture du mouvement en tant qu’il est, et n’est, bien que résultant d’une modifcation post-produite, que la simple diffusion d’un paisible coulant. Si les images photo- et ciné- procèdent toutes deux par réécriture du réel, elles le montent en tant que non-tel.
L’événement mis en évidence n’est pas plus l’auguste paysage que son infme déviation. La totalité des déploiements de l’image est maintenue dans un temps présent actif, le maintenant.
©Laura Cohen 2019